Louis Simonin |
"La première fois que je me rendis au Creusot, c'était au
mois de juin 1865. Parti de Paris la veille au soir, par l'express de la Méditerranée,
j'étais à l'aurore à Chagny, bientôt après à Montchanin que je quittais avec un
train d'ouvriers qui allaient commencer leur journée au Creusot. En moins d'un quart
d'heure, la locomotive s'arrêtait et j'avais devant les yeux un magnifique spectacle :
ici les puits de mine, où la machine infatigable avait déjà mis les câbles en jeu pour
l'extraction de la houille ; plus loin les gigantesques hauts-fourneaux
travaillant jour et nuit, sans jamais de relâche, et d'où s'échappe comme une traînée
de lave, la fonte de fer liquide. D'un autre côté était la forge qui rappelle par son
architecture, dont le fer a fait tous les frais, les Halles centrales de Paris. Les
ateliers de construction mécanique, d'où sortent les machines marines, les machines
fixes, les locomotives et mille autres ingénieux appareils, complètent ce grandiose
ensemble. Le vaste emplacement de l'usine est dominé par une énorme cheminée qui
reçoit les gaz sortant de tous les fourneaux. Elle est haute de quatre-vingt mètres, de
sa base au sommet, c'est à dire deux fois plus élevée que la colonne de la place
Vendôme..."
Louis
Simonin Le tour du monde (1867) |